La mort fait indéniablement partie de la vie. Et les croyants savent que même si elle est douloureuse, la séparation avec le défunt est temporaire. Nous appartenons tous à Allah et c’est à Lui que nous retournerons. En Islam, la mort n’est pas un sujet tabou. Au contraire, elle doit être un rappel au quotidien pour nous souvenir que rien n’est éternel, que la vie d’ici-bas n’est que jouissance et que la véritable vie est celle de l’au-delà. Il n’est jamais aisé de retourner à ses occupations et de feindre que tout va bien, de faire comme si de rien n’était. Alors, comment la vie reprend son cours après la disparition d’un proche ? Voici quelques humbles conseils pour faire son deuil en douceur, sans jugement ni préjugé.
Et fais la bonne annonce aux endurants
Lorsque la mort touche l’Homme, peu importe sa confession, il ressent une douleur indescriptible si bien qu’il a le sentiment que rien ni personne ne saurait la dissiper. Cette sensation d’errance ne dure qu’un temps pour le croyant. Et plus sa foi est grande, plus son cœur, très vite, se tranquillise. Il devient serein, confiant. Il sait qu’Allah est avec les patients et que cette épreuve finira par passer. Et ceci est valable uniquement pour les croyants. Pourquoi ? Parce qu’ils ont l’intime conviction que le Décret d’Allah est inévitable, que la mort est une vérité, et que nous sommes tous voués à retourner au Vivant, au Sage, celui qui ne meurt pas.
Allah dit à ce sujet (dans une traduction rapprochée) :
“(Par Allah) Nous vous éprouverons quelque peu par la peur, la faim, la perte de biens, de personnes et de récoltes. Mais fais bonne annonce aux patients qui, lorsqu’un malheur les frappe, disent : “Nous sommes à Allah, et c’est à Lui que nous retournerons. Voilà ceux qu’Allah (mentionne parmi les assemblées des anges) et qui obtiennent la miséricorde ; voilà ceux qui sont bien-guidés”.
N’est-ce point par l’évocation d’Allah que se tranquillisent les cœurs ?
Il y aura des passages à vide. Des moments de doute. Des instants où le cœur se fera plus lourd que d’autres jours. C’est naturel, humain. L’Homme a été créé faible, un rien le fait flancher. Et c’est pour cela que le croyant doit se réfugier auprès de son Seigneur. Fuir vers Lui pour trouver repos et apaisement du cœur. Parmi les remèdes à ce chagrin, il y a la lecture du Coran, la prière et le dhikr (l’évocation d’Allah) et l’écoute du Livre d’Allah.
““(…) Ceux qui croient et dont les cœurs s’apaisent à l’évocation d’Allah.”Et c’est par l’évocation d’Allah Seul que s’apaisent les cœurs (des croyants). “”
Le Coran est un remède puissant. Le lire, l’écouter, le méditer élargit la poitrine, augmente la foi et rassure ce cœur qui bien souvent s’agite à la moindre secousse.
Fréquenter les gens positifs
L’entourage a un impact important sur notre moral, notre état d’esprit, pour ne pas dire simplement notre façon de vivre. Raison pour laquelle il est essentiel de s’entourer de gens positifs, lesquels vont nous aider, par la Grâce d’Allah, à aller mieux. Dans les moments de chagrin, tout ce que l’on désire, ce sont des paroles douces, réconfortantes, sans jugement. Mieux, une oreille attentive, un cœur présent. Si vous avez autour de vous des personnes qui ont cette capacité à voir le verre à moitié plein quand d’autres le voient à moitié vide, fréquentez-les. Elles sont un véritable appui dans des périodes d’adversité comme celle de la perte d’un proche.
Se laisser du temps
En Islam, le deuil ne dure pas plus de trois jours, excepté pour la femme qui a perdu son époux. Dans son cas, elle devra porter le deuil durant quatre mois et dix jours, comme il est mentionné dans la tradition prophétique rapportée par l’Imam al Bukhari (qu’Allah lui fasse miséricorde) :
“Le Prophète (que la prière et le salut d’Allah soient sur lui) a dit : “Il n’est pas permis pour une femme qui croit en Allah et au jour Dernier de porter le deuil d’un mort plus de trois jours. Sauf s’il s’agit de son époux pour qui elle devra observer un deuil de quatre mois et dix jours.””
Cette courte période quand il s’agit de la mort d’un proche est nécessaire pour se remettre de ses émotions. Aussi, elle est un accord tacite, comme une autorisation pour le croyant de poursuivre sa vie, d’avancer malgré la peine et la douleur. En effet, aussi dure que soit l’épreuve, la vie ne doit pas s’arrêter pour autant. Le musulman doit rester positif, plein d’espoir et continuer à vivre. La souffrance ne dure qu’un temps. Comme le dit l’adage africain, “aussi noire que la nuit soit, l’aurore finit toujours par arriver”. Se laisser du temps aide à panser les plus rudes blessures.
Accepter l’épreuve
Les larmes qui roulent sur les joues des proches du défunt ne sauraient être blamées. Les pleurs ne pourraient être retenus. C’est naturel et il est vain de vouloir les interdire, les stopper. En revanche, accepter l’épreuve, reconnaître le décret d’Allah aide à temporiser la douleur. Lorsque le Prophète (que la paix et le salut d’Allah soient sur lui) perdit son enfant Ibrahim, il pleura. Et le compagnon Abderrahman Ibn Awf qui était présent (qu’Allah soit satisfait de lui) fut étonné par les larmes du Messager d’Allah. Il lui dit : “Même toi, Ô Messager d’Allah” et le Prophète de lui répondre : “Ô Ibn Awf ! Ceci est certes une miséricorde.” Il poursuivit ensuite en ces termes : “Certes l’œil pleure, le cœur est triste, mais nous ne disons que ce qui satisfait notre Seigneur.(…)”. Accepter l’épreuve permet de l’adoucir. Rien ne sert de lutter contre. Tout finira par passer.
Prendre soin de soi
On entend souvent cette phrase qui peut sonner comme une injonction qui n’a pas de sens, mais prendre soin de soi est important pour pouvoir avancer sereinement dans la vie. Et la meilleure façon de le faire est de s’occuper l’esprit de manière bénéfique en lisant le Coran, en écoutant des rappels, en assistant à des assises de science et en lisant des livres intéressants qui nourrissent l’intellect et l’enrichissent. Tout ceci aide à revivifier la foi et maintenir le cœur vivant. C’est aussi un excellent moyen de ne pas sombrer dans la déprime, de cultiver la peine et la tristesse aussi. Ne pas rester seul les premiers temps est un moyen de rendre le deuil moins pénible. Rendre visite aux personnes qu’on aime, inviter des êtres chers chez soi, sont également des occasions de partage et d’amour nécessaires à la vie. Nourrissez-vous de tout ce qui peut vous faire du bien, qui vous apaise aussi bien le corps et l’esprit. Gardez surtout en tête que la meilleure nourriture pour l’âme est la spiritualité. Travaillez votre foi et le reste suivra naturellement.
Il y aura des moments où la mélancolie prendra le dessus, parfois ce sera la colère, l’angoisse. L’Homme, cet être changeant, passe par bien des étapes dans sa vie. Mais le croyant sait que toutes ces épreuves, la mort d’un proche y compris, sont des occasions pour lui de se rappeler son Seigneur et de retourner à Lui, repentant, totalement soumis à Lui. Et il est un verset qu’il faut garder précieusement en tête comme un rappel pour les jours d’aisance comme ceux de difficulté : “Alif, Lam, Mim. Les hommes pensent-ils qu’on les laissera dire : “Nous croyons !” sans les éprouver ?”…
Puisse Allâh ta3âla nous accorder une fin heureuse.